On ouvre une nouvelle porte aujourd’hui sur les quartiers de Château d’eau et de Poissonniers, en faisant un petit détour plus au sud.
Car de Château Rouge à Château d’eau, on propose bien plus que des étals colorés avec des produits typiques d’Afrique de l’Ouest. Il s’agit d’un espace qui couvre l’ensemble des besoins de nombreuses communautés. On parle de biens culturels ou de tissu, les boutiques de dvd et de cd cohabitent avec les salons de beauté de Château d’Eau. Deux bulles parisiennes très complémentaires.
Le développement de chateau rouge et de chateau d’eau
Dans le grand quartier populaire de la Goutte d’Or, les communautés originaires d’Afrique de l’Ouest ont développé des commerces d’abord entre les métros Marcadet – Poissonniers et Château rouge. Difficile d’établir une période claire ou même de distinguer les différentes vagues d’immigrations congolaises, ivoiriennes ou sénégalaises. Le fait qu’ils se soient installés dans le quartier plus tardivement que les nord-africains, par exemple, a eu une autre conséquence. Ces commerçants n’ont jamais eu la possibilité de vivre dans le quartier.





On peut en revanche dire que la rue des Poissonniers s’est développée entre la fin des années 1980 et le début des années 1990 autour du commerce du wax. Ce tissu ciré qui est devenu un peu par la force des choses, un emblème culturel en Afrique centrale. Ces tissus achetés en gros sont revendus dans le quartier ou plus au sud, à Chateau Rouge, entre deux boutiques de sape.
Autour des entreprises d’import-export de ce tissu, des commerces alimentaires sont apparus. Depuis, et c’est là que la part sociale de ce quartier est importante, on y vient des banlieues pour chercher des relations et du travail. Les immigrés fraîchement arrivés en France y trouvent des annonces et même des centres de recrutement spécialisés.
Le renouveau du quartier
De Château Rouge à Château d’Eau, on y trouve des produits rares, poissons séchés, fruits et légumes “exotiques”, mais aussi des commerces de tissus ou de produits de beauté.
Forcément, tous ces produits sont de plus en plus disponibles aux clients venus des banlieues parisiennes, plus besoin de se déplacer jusqu’au centre de Paris, jusqu’à un certain point. Le quartier attire encore pour son effervescence. Les commerces évoluent aussi : à Château rouge par exemple, au milieu des épiceries où il n’est pas toujours facile de se retrouver, citons le Livreur du Bled Rue des Poissonniers. les produits sont clairement étiquetés, un plus pour les personnes qui ne s’y connaissent pas forcément. Bonus, les prix sont les mêmes que dans le quartier.

Au niveau de la restauration, la clientèle évolue et ses exigences avec. Il y aura toujours les “authentiques”, on pourrait parler de Tim la Princesse. D’autres adresses s’ouvrent à un plus large public, BMK est devenu le leader sur ce secteur depuis quelques années.

Des petits nouveaux arrivent aussi, notre chouchou du moment, le très politique diasporas, qui fait revivre le panafricanisme des années 1970 dans un lieu de vie près de Strasbourg Saint-Denis. Fraîchement ouvert en juin dernier. Testé au déjeuner, à l’improviste, on a aimé l’ambiance, presque familiale. Après un peu d’attente, petit problème logistique il semblerait, les assiettes arrivent et malgré quelques petits reproches sur l’assaisonnement, on se dit quand même qu’on veut fortement redonner sa chance à ce lieu plein de caractère.







Pour tenter des recettes chez vous
En parlant de cuisine d’Afrique de l’ouest et d’Afrique centrale, on vous a préparé comme à notre habitude une petite sélection de recettes. au menu, des classiques et un peu de gourmandise.

Le poulet yassa est un plat emblématique qui serait originaire de Casamance, une grande région du sud, entre la Gambie et la Guinée-Bissau. Le succès de ce plat tient sûrement dans sa préparation, particulièrement simple et accessible, qui consiste à faire mariner une viande, en général du poulet mais aussi du poisson, dans un mélange de jus de citron, d’ail, de piment et d’oignon et de le servir avec une compotée d’oignons. Aujourd’hui, il est courant d’y ajouter une touche de moutarde avant de le cuire à la braise.

Après le yassa, un peu de street-food avec les délicieux accras ! Cette préparation a tellement voyagé à travers le temps qu’il semble difficile d’identifier sa provenance. Pourtant le nom “accras” trahit son origine : ce mot signifie littéralement “beignet de légumes” dans plusieurs langues d’Afrique centrale, notamment entre le Nigeria et le Congo. Préparé de nombreuses façons différentes, le haricot cornille, “niebe”, est la farce de prédilection au Sénégal. Pour l’accompagner, une sauce tomate pimentée aux oignons et relevée avec une pointe de citron.

On reste au Sénégal, plus particulièrement à Saint-Louis avec le mulet à la saint-louisienne. Cette région du nord du pays se situe sur la frontière avec la Mauritanie. Un poisson, un mulet de préférence, qu’il faut vider en retirant la grosse arête et une partie de la chair pour en faire une farce, avant de le reconstituer, de le cuire et de le servir avec une sauce tomate. Une spécialité surprenante qui vaut le détour !

Le chinchin est un petit gâteau frit et croustillant, préparé sous forme de losange ou d’étoile à l’est du pays. C’est un classique de la cuisine de rue nigériane. Sa pâte est bien riche, du sucre, du beurre, de la noix de muscade et même du lait concentré. Il faut préciser que la démocratisation du chin chin, disponible partout, dans les restaurants ou les supermarchés, est très récente. Il y a une vingtaine d’années encore, cette gourmandise était uniquement préparée à la maison pour des occasions particulières.





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